"Dès le titre, on se doute d’ores et déjà que ce mélange de tempéraments va créer une ambiance détonante, voire explosive. « C’était pas censé se passer comme ça » serait un roman qui ferait une excellente adaptation au cinéma. En un mot, je me suis délectée de l’humour souvent caustique d’Ève Borelli. Je la lisais ici pour la première fois et je peux vous assurer que ce ne sera pas la dernière fois. Ça claque, ça swingue - parfois à la frontière du burlesque- mais on avale les pages à la vitesse grand V. Pas le temps de s’ennuyer ou de souffler. La cadence soutenue est donnée par l’auteure et il faut réussir à la suivre.
À mes yeux, nous sommes ici dans une pure comédie à la française, avec des personnages qui semblent inébranlables, installés dans leur zone de confort quotidienne jusqu’à ce que le masque des apparences commence à se fissurer, jusqu’à craquer. Certains de leurs actes pourront paraitre démesurés, mais comme on dit en France : « Aux grands maux, les grands remèdes ! ». Et finalement, dans cette famille, tout le monde semble décidé à guérir, une bonne fois pour toutes.
Eve Borelli instaure une ambiance pittoresque, à la fois slave et sudiste, dans son roman. Nous sommes dans le sud de la France, mais dans une famille qui, grâce à Mamouchka, a conservé ses us et coutumes russes. Des cocottes en papier aux plats culinaires, en passant par le verre de vodka en guise de bienvenue, ou les expressions russes que vous trouverez dans le texte, votre immersion dans le monde des Stradavine sera totale !
Parlons une fois encore de l’humour décapant de l’auteure, car dans ce roman, vous en aurez à revendre. Par exemple, lorsque Renata se parle à elle-même, elle s’adresse à son « Freud intérieur », mais ce dernier ne calme en rien son mental.
« « Méfiez-vous des mamies. Avec leurs petites mines fripées, leurs tricots faits main et leurs sourires édentés et affables, ces vieilles dames ont un pouvoir supérieur : celui d’inspirer confiance et donc, de tirer les vers du nez de n’importe qui. Elles sont redoutables. Redoutables. Un jour, elles domineront le monde. » Mon Freud intérieur. »P.119
Cette écorchée vive, qui, tous les jours, s’évertue à soigner l’état psychologique perturbé de ses patients, a, vis-à-vis d’elle-même, du pain sur la planche. Entre sa difficulté à s’installer paisiblement dans sa vie de couple et son blocage obsessionnel au sujet d’une potentielle future grossesse, elle apporte beaucoup à l’univers des Stradavine.
« La culpabilité m’étreint à nouveau. Comment réagira-t-il quand je lui annoncerai la terrible nouvelle de mon non-désir-d’enfant ? Peut-être qu’il fera semblant de se montrer détaché… ou qu’il ne cachera pas sa déception. Il pourrait partir en claquant la porte, lassé de mes tergiversations et de mes peurs, ou essayer de me convaincre en m’exhortant à dépasser mes traumatismes. Dieu tout-puissant… Tentera-t-il de me psychanalyser ? » P.49
Quant à Léo, entre ses références à Cyrano (à cause de son nez qui serait soi-disant trop long, dixit ses parents) et au monde merveilleux de Disney auquel elle ne peut s’empêcher de faire référence dans un coin de sa tête, elle nous offre de purs instants toniques et piquants !
« ̶ Excroissance ? Presqu’île ? Protubérance ? complété-je d’une voix hystérique. Cette CANNE ? Vodka ? Bouffée de chaleur à cause du radiateur qui tourne à plein régime juste à côté de moi ? Rage refoulée qui explose comme un geyser trop longtemps contenu ? J’ai l’impression de me transformer en Jafar quand il devient Génie du mal lorsque je conclus dans une envolée jubilatoire :
̶ MAMAN ? TU SAIS QUOI ? VA TE FAIRE CUIRE UN PUTAIN D’ŒUF AU PÔLE NORD ! » P.43
Bref, vous l’aurez compris, j’ai passé un excellent moment en compagnie des Stradavine (qui m’ont un peu rappelé la Famille Malaussène de Daniel Pennac), et même si au départ, C’était pas censé se passer comme ça, au final, dans la vie, il faut s’attendre à tout!"
Le bon: les situations rocambolesques (et tant pis si elles semblent parfois too-much), les membres incroyablement attachants de la famille Stradavine et les liens qui les unissent, l'humour débile et le charme de Camille qui font mouche.
Le moins: la fin un peu bâclée.
Le pas bon du tout: la façon nauséabonde de balayer d'un coup le non-désir de maternité de Renata et la résolution tout aussi malaisante sur le comportement franchement flippant d'un personnage secondaire (mais puisque c'est à cause de l'amûuuuur, on lui pardonne à la seconde, voyons).
Au final, tout ça s'équilibre et l'on passe, globalement, plus de temps à sourire qu'à grincer des dents, mais les pitreries de la famille Stradavine ne parviennent pas tout à fait à faire oublier les défauts du récit.
Lien vers la critique complète: https://www.babelio.com/livres/Borelli-Cetait-pas-cense-se-passer-comme-ca/1171331/critiques/2203092
Depuis que j’ai découvert la plume déjantée et pétillante d’Eve Borelli, je ne loupe aucun de ses nouveaux livres. Je ne pouvais donc pas passer à côté de cette nouvelle comédie romantique aussi pétillante qu’hilarante.
Une nouvelle fois, Eve Borelli nous transporte dans son univers coloré, pittoresque et éclatant. Si vous avez déjà lu ses autres comédies romantiques, vous savez à quel point sa plume est à la fois drôle et enchanteresse. Mais elle n’est pas que ça, elle est aussi émouvante. Dans ce nouveau roman, elle nous fait passer du rire aux larmes en quelques lignes. Sous couvert d’humour et de personnages loufoques, elle aborde également des thèmes beaucoup plus sérieux avec finesse et sensibilité pour au final nous offrir une histoire touchante.
L’histoire s’articule autour de deux points de vue : celui de Léonore, la meilleure amie d’Alice et celui de Renata, la fiancée d’Henri. Toutes les deux sont des phobiques de la famille et pour qui passer un week end complet avec leurs proches relève plus de la torture que du plaisir. D’un côté, il y a Léonore, surnommée Léo, une jeune femme pleine de vie, maladroite, complexée par son nez. Fan inconditionnelle de Disney, elle ne manque jamais d’appliquer les grands préceptes et conseils de ses films animés préférés. Pour elle, la famille se résume à deux parents jamais satisfaits qui ne cessent de la harceler pour qu’elle se trouve un autre travail et surtout passe sur le billard pour refaire faire ce nez qu’ils jugent disgracieux. De l’autre, il y a Renata. Psychologue de métier, elle aide les autres à contrôler leurs peurs et angoisses même si elle-même n’arrive pas à combattre les siennes. A l’instar de Leo, elle fuit tout ce qui se rapproche de près ou de loin à la famille. Toutes les deux sont deux femmes à la fois fortes et fragiles qui se battent comme elles peuvent contre leurs démons respectifs. Elles sont drôles, fantasques, névrosées mais surtout très attachantes. Leurs histoires sont touchantes.
Autour de ces deux jeunes femmes gravitent les enfants Stradavine : Henri, l’ainé et fiancé de Renata. Un homme patient, plein de bon sens et tendre. Camille, le frère cadet. Fier, arrogant, sexy et facétieux. Et enfin, petite dernière de la fratrie, Alice. Délurée, énergique avec un langage imagé que je vous laisse découvrir.
Mais la famille Stradavine ne serait rien sans Sveta, la matriarche. C’est même elle qui donne tout son sens à cette histoire. De par son âge, elle incarne la bienveillance, la générosité et la sagesse. Elle voue un amour profond et incommensurable à ses petits-enfants, un amour beau et sincère qui vous met les larmes aux yeux instantanément. Mais Sveta est aussi une vieille femme pleine de malice et d’espièglerie. Elle va vous en faire voir de toutes les couleurs et vous surprendra sans aucun doute.
Bref, beaucoup de personnages hauts en couleur, tous très sympathiques et captivants avec lesquels je vous invite vivement à faire connaissance. Ce roman fut un joli coup de cœur pour moi. Il m’a offert un agréable moment de détente et un concentré de bonne humeur.